Pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur les auteurs, les interprètes, il existe un site réellement remarquable par sa richesse :
http://www.chanson.udenap.org/




samedi 24 mai 2008

Dranem - Les Fruits Cuits version de 1931

Je suis confiseur, y’a pas d’erreur
J’vous l’confie
Faut pas pas s’endormir
Afin d’bien confire
Fruits confits
Quoiqu’il ne suffit
Pour que l’on confit
De beaux fruits
Pour les faires bien cuire
Faut d’abord saisir
Le r’frain que j’vais dire

(parlé)
Vous avez... Vous avez tout simplement qu’a dire correctement cette jolie phrase :
J’ai mon fruit cru qui cuit
Sans que mon fruit cuit cuit
C’est à dire sans que le jus du fruit se sauve de la bassinoire, vous voyez. C’est rien du tout Exemple pour des prunes confites, vous prenez délicatement vos prunes, vous les essuyez avec un linge bien propre. A défaut vous pouvez toujours les essuyez avec le devant de votre chemise, n’est-ce pas. Puis vous arrachez la queue et vous jetez le tout dans une bassine en prononçant ces mots calabaga... Calaba... Cabalistiques. Heum !

J’ai mon fruit cru qui cuit
sans que mon fruit cuit cuit
Pour faire de bonnes confitures
J’ai mon fruit cru qui cuit
sans que mon fruit cuit cuit
Pour faire des confitures de fruits cuits

(Parlé)
Vous voyez, c’est rien du tout
La première fois ça fait un peu de marmelade, mais ça va aller tout seul quand cela aura mijoté, vous allez voir ça.

Des dames du faubourg
Vienne au cours
De fruits cuits
Tenez l’autre soir
La baronne d’la poire
En a pris
Pendant qu’mon fruit cuit
On entend un bruit
Elle me dit
C’qui pète comme une mine
C’est y votre cuisine
Ou l’fond de votre bassine

(parlé)
Ah ! bah ! C’est pas l’fond d’ma bassine qui pète
C’est tout simplement parce que :

J’ai mon fruit cru qui cuit
Sans que mon fruit cuit cuit
Pour faire de bonnes confitures
J’ai mon fruit cru qui cuit
Sans que mon fruit cuit cuit
Pour faire des confitures de culs frits

(Parlé)
Non ! De cul... Non, c’est pas ça, c’est pas ça
C’est pas... Voyez-vous, ça allait beaucoup mieux la première fois. Ecoute chef Lenoir, je ne me vois pas blanc avec tes trucs. Tu vas trop vite mon vieux ! Et puis tu mets trop de feu. Tu vas faire brûler l’abricot cuit d’la baronne ! Non, l’abricot, l’abricot, l’ab... l’abricot cru d’la baronne qui cuit. Enfin ça y est. Allez à un autre.

Voulant adorer
Une femme du métier
Je m’morfond
Près d’une tendre enfant
Qui est confite en
Dévotion
Elle m’a dit un soir
Afin de savoir
Ma belle poire
J’lui ai appris par cœur
C’refrain d’confiseur
Viens j’f’rais ton bonheur

(Parlé au chef d’orchestre)
Ca c’est...ça va, c’est, c’est très bien, mais alors en douce, tu sais, écoute Lenoir, en douce. C’est d’la confiture de ménage. Et puis si c’est... si ça n’te va pas bien, mon vieux, tu vois, tu f’ras rater mon mariage. Attention, c’est ma fiancée qui parle. Elle me dit Armand, toutes les nuits avant de me coucher, je recette ta récite... Je récite ta recette, avec un petit bâton d’angélique sur les lèvres et deux marrons glacés dans les mains. Aussi prend moi, j’te donne tout, mon angélique, mes marrons.
Je bouge et tu m’... j’ai, j’ai

J’ai mon cru qui fuit
mmmm ii ri
Pour faire de bonne confiture
(parlé) J’peux pas y arriver
mmmm ii ri
Et j’y ai mis un bouchon à l’émeri.

Dranem - Les Fruits Cuits version de 1911

Enregistrement de 1911

(présentation)
Les fruits cuits, chanson confisatoire chantée par Dranem

(parlé)
Ah,J’vais vous chanter une petite chanson pour les dames,
pour que les dames fassent des confitures à leurs petits maris cet hiver

Je suis confiseur, y’a pas d’erreur
J’vous l’confie
Faut pas pas s’endormir
Afin d’bien confire
Fruits confits
Quoiqu’il ne suffit
Pour que l’on confit
De beaux fruits
Pour les faire bien cuire
Faut d’abord saisir
Le r’frain que j’vais dire

(parlé)
Vous avez tout simplement mesdames
qu’a prononcer ces petites paroles :
J’ai mon fruit cru qui cuit
sans que mon fruit cuit cuit
C’est à dire sans que mon fruit cuit cuit
dans la bassinoire.
Vous faites des confitures de prunes,
vous prenez vos prunes, vous les essuyez
vous les mettez dans la bassine, vous les touillez un peu
vous léchez, vous leurs chantez cette petite chanson.

J’ai mon fruit cru qui cuit
sans que mon fruit cuit cuit
Pour faire de bonnes confitures
J’ai mon fruit cru qui cuit
sans que mon fruit cuit cuit
Pour faire des confitures de fruits cuits

(parlé)
Ah ah ça n’a l’air de rien comme ça
vous rigolez, mais fallait l’trouver
vous savez, j’ai mis deux ans moi à apprendre c’te machine là
c’est sur faut pas avoir ( ? ? ? ? du ? ? ? ?) pour dire ça.
Allons y maintenant du deuxième.

Des dames du faubourg
Chez moi qu’elle se bourrent
De fruits cuits
Tenez l’autre soir
La baronne d’la poire
En a pris
Pendant qu’mon fruits cuit
On entend un bruit
Elle me dit
C’qui pète comme une mine
C’est y votre bassine
Ou l’fond de votre cuisine

(parlé)
( Qu’est qui s’y passe) c’est pas ma bassine qui pète
ni moi non plus, ni ma bassine, ni ma cuisine,
c’est tout simplement parce qu’en c’moment :

J’ai mon fruit cru qui cuit
sans que mon fruit cuit cuit
Pour faire de bonnes confitures
J’ai mon fruit cru qui cuit
sans que mon fruit cuit cuit
Pour faire des confitures de culs frits

(parlé)
Oh de culs frits ! J’vous d’mande pardon mesdames
de culs frits tu vas trop vite toi le chef d’orchestre
sans blague, tu met trop de feu la d’ssous, tu vas faire
bruler l’abricot ... l’abricot, l’abricot de ( ? ? ? ?)
fait attention, puis au troisième :

Voulant adorer
Une femme du métier
Je m’morfond
C’est une tendre enfant
Qui est confite en
Dévotion
Elle m’a dit un soir
Afin de savoir
Ma belle poire
J’lui ai appris par cœur
C’refrain confiseur
Bien que j’f’rais son bonheur

(Parlé)
Et puis quand nous s’rons mariés
nous f’rons des confitures de tout
ce que tu voudras.
Mais pour le moment fout moi la paix
parce que sur le feu :

J’ai mon fruit cuit qui cuit
sans que mon fruit cuit cuit
Pour faire de bonnes confitures
J’ai mon cul qui frit... j’ai mon cul...
(parlé)
Oooh ! j’vous d’mande pardon
Oooh, pardon Mesdames
Oh, c’est dégoutant

mercredi 21 mai 2008

Georgius - Les merlans

1936

Dans un coin de l'Atlantique
A 100 pieds de profondeur
Parmi la gente aquatique
Un merlan captait les coeurs
Ah ! Soupirait une sardine
Qu'attend-il pour me montrer
Son amour que je devine
A sa façon d'frétiller
Mais sa sardine de maman
Lui dit, sache mon enfant

Si les merlans z'ont l'air lents
C'est qu'la mer les rend lents
Qu'ils ne veulent pas déranger
L'arête qu'ils ont sur l'côté
Si les merlans z'ont l'air lents
C'est parc'que, ça s'comprend
Ils sont les merlans
Comme beaucoup de gens
En mer, en mer, en mer lents

Voyant les travaux d'approche
Que la mère sardine faisait
Il y a anguille sous roche
Se dit l'merlan, je suis frais
Moi j'aime une petite morue
Dessalée comme pas deux
Cette sardine ingénue
C'est la barbue et les ch'veux
Et sans hâte vers l'océan
Il partit en fredonnant

(en choeur)
Si les merlans z'ont l'air lents
C'est qu'la mer les rend lents
Qu'ils ne veulent pas déranger
L'arête qu'ils ont sur l'côté
Si les merlans z'ont l'air lents
C'est parc'que, ça s'comprend
Ils sont les merlans
Comme beaucoup de gens
En mer, en mer, en mer lents

La sardine fit la noce
Pour oublier l'gigolo
Mais voilà qu'elle eu deux gosses
Avec le fils d'un maquereau
Lui-même quitta la pauvrette
Pour une langouste poilue
Alors elle perdit la tête
Et depuis, l'fait est connu
Aux marins perdus en mer
Elle chante les soirs d'hiver

(en choeur)
Si les merlans z'ont l'air lents
C'est qu'la mer les rend lents
Qu'ils ne veulent pas déranger
L'arête qu'ils ont sur l'côté
Si les merlans z'ont l'air lents
C'est parc'que, ça s'comprend
Ils sont les merlans
Comme beaucoup de gens
En mer, en mer, en mer lents

Si les merlans, ont l'air lents
C'est parc'que, ça s'comprend
Ils sont les merlans
Comme beaucoup de gens
En mer, en mer, en mer lents
Et v'lan !

mardi 20 mai 2008

Yvette GUILBERT - Les vierges

Composée en 1892 - Enregistrement de 1907

L'âme candide et le front [sur ?]
Elle vont les yeux vers l'azur
Les vierges
Ces sont des abricots pas murs
Elles ont peu de charmes mais ils sont durs,
pour sure
Les vierges
Ainsi que l'herbe dans le champ
Ca vous [inculte ?] rapidement
Les vierges
Elles sont maussades généralement
Elles ont même quelque chose de cassant
Manman
Les vierges
Elles vont ainsi l'esprit distrait
De l'amour, ignorant l'secret
Les vierges
A quoi rêvent t'elles ?
Nul ne le sait
De fruits ? De légumes ? De navets?
Qui sait ?
Les vierges
Pâles comme des cierges dans leur aspect
On les regarde avec respect
Les vierges
Ca porte bonheur
Disent les pinces-becs
Oui, c'est peut-être pour jouer avec
Les vierges
Vous messieurs, qui religieusement
Respectez cet état charmant
Des vierges
Sachez qu'il en est cependant
Qui restent jusqu'a 50 ans
[ah, méchant ?]
Des vierges

lundi 19 mai 2008

Dranem - Le cucurbitacé

1911 - le Cucurbitacé

(Présentation)
Le cucurbitacé chanté par Dranem

L’autre jour sortant d’une boutique
Ou j’avais ach’té un me’lon
Un professeur d’botanique
Me dit : savez-vous son nom ?
Comme je restais sans réplique
Y m’dit son nom scientifique

C’est un cucurbitacé
Qu’a des côtes, qu’a des côtes
C’est un cucurbitacé
Qu’a des côtes sur les cotés

En sortant d’chez la marchande
Mon melon dans un journal
V’la qu’un agent me demande
Est-ce une machine infernale
C’est pas une bombe d’anarcho
Que j’répond en tournant l’dos

C’est un cucurbitacé
Qu’a des côtes, qu’a des côtes
C’est un cucurbitacé
Qu’a des côtes sur les cotés

J’l’avais acheté pour la fête
de ma femme et je m’rendais
Chez moi d’une allure guill’rette
Pour m’dépécher j’prend l’tramvay
Ca sent fort dit l’conducteur
Si c’est pas d’moi qu’vient l’odeur

C’est d’mon cucurbitacé
Qu’a des côtes, qu’a des côtes
C’est d’mon cucurbitacé
Qu’a des côtes sur les cotés

Tout près d’moi une petite blonde
M’dit votre melon n’est pas frais
J’le fait sentir à tout l’monde
Et chacun se le repassait
Si bien que pour se renseigner
Chaque voyageur mettait l’nez

Sur mon cucurbitacé
Qu’a des côtes, qu’a des côtes
Sur mon cucurbitacé
Qu’a des côtes sur les cotés

Comme ça faisait du scandale
L’conducteur m’dit malapris
c’est pas l’tramvay des z’halles
Y faut pas d’melon ici
Puis y m’fait décaniller
En me flanquant son soulier

Dans mon cucurbitacé
Qu’a des côtes, qu’a des côtes
Dans mon cucurbitacé
Qu’a des côtes sur les cotés

Une jolie dame ramasse
Mon melon qu’était tombé
Elle m’dit comme j’demeure en face
Chez moi vient donc l’entamer
Elle le presse tant dans ses mains
Qu’elle fait sortir les pépins

De mon cucurbitacé
Oooh ! qu’a des côtes
Oooh ! ..curbitacé
Qu’a des côtes sur les cotés

J’vois en rentrant au domicile
Ma femme assis sur les ge’noux
De mon vieux copain Achille
En mangeant un cantaloup*
Devant cette trahison
Je m’écrie j’suis comme mon m’lon

J’suis cocucurbitacé
J’ai des cornes, j’ai des cornes
J’suis cocucurbitacé
J’ai des cornes de chaque coté

* Cantaloup : melon à côtes rugueuses.

dimanche 18 mai 2008

Gaston Ouvrard - Amour et TSF

Amour et TSF (1929)

L'autre jour, mam'zelle Hortense,
D'puis longtemps, j'y f'sais la cour,
Elle m' dit, Maman est en vacances,
Venez donc demain m' dire bonjour.
Je vous ferai voir une invention toute nouvelle.
C'est très rigolo, c'est épatant, oui, enfin, bref,
C'est un instrument en fer, en bois, et en ficelle
Et on appelle ça un appareil de TSF
Ah ! Ben mon Dieu, alors...

J'arrive, elle me montre une boite,
Elle me dit Ça va causer.
Tournez donc l' bouton à droite,
Ça va bien vous amuser.
Moi, pendant c' temps-là, j' vais aller faire, à la cuisine
Une tasse de café. Ça vous plait-y ? J'y réponds oui
J' tourne le p'tit bouton,
Et v'là qu' j'entends une voix divine
Qui s' met à chanter "C'est toi que j'aime, ô mon chéri".
Oh! ah Ben ça, c'est une aventure, alors...

Je m' dis ça, c'est une affaire,
C'est pour moi qu'elle a l' béguin
Seulement comment que j' vais faire
Pour la sortir du machin ?
Elle continue, "Je te f'rai voir de belles choses"
Elle était maligne, pour m'exciter, elle soupirait,
"J' connais un pays où l' ciel est teinté de rose",
J' dis, "J' veux bien y aller, pour ces trucs-là, j' suis toujours prêt".
Ah ! Tu parles, dis, alors, hé...

Elle parlait toujours, encore,
J' pensais Qu'elle tapette qu'elle a.
J' dis, Je l' sais bien que tu m'adores,
Y a deux heures que tu m' dis qu' ça.
Sors un peu d' là-d'dans, si tu veux qu'enfin on s' connaisse.
Tu m'aimes, j'ai compris et moi aussi, j' veux bien t'aimer.
Mais comment f'rons-nous si tu ne m'donnes pas ton adresse,
Qu' tu veux pas sortir et que moi je n' peux pas rentrer ?
Non, mais enfin, c'est vrai, ça tout d' même, quoi !

Tout à coup l' fourbi s'arrête.
Quelqu'un crie "C'est terminé !".
Pensez si j'en f'sais une tête,
J'avais même pas commencé.
Et je ronchonnais, la TSF, c'est bête, tout d' même,
Pour se moquer d'vous, des tas d' bonnes femmes se cachent là-d'dans.
Elles vous disent comme ça "Viens, mon chéri, c'est toi que j'aime",
Et puis quand on croit qu'on va les t'nir, elles foutent le camp.
Ah ! Ces sacrées femmes, enfin !

Heureusement, mam'zelle Hortense
Arrive avec son café.
J'avais tellement d'éloquence
Qu'enfin, elle m'a écouté,
Elle me l'a donné l'truc du fourbi, l'machin d'l'ivresse
Les trésors d'amour, moi, j' les ai eus comme j'ai voulu
Quant à la bonne femme, elle peut bien rester dans sa caisse
Elle peut raconter tout c' quelle voudra, j' l'écouterai plus
Et voilà, na ! Et mais alors, quoi ! Sans blague, eh

Madame Rollini - Gare aux rayons X

Chanson composée en 1896, enregistrée en 1898
Note : Il est surprenant que découvert en 1895, une chanson soit consacré aux rayons X dès l'année suivante.

Gare aux rayons X

Les rayons X sont certainement une lumière très commode
Pour contempler secrètement les p'tites femmes à la mode.
Ce rayon vraiment polisson
vous font voir sans mystère,

Les beaux mollets, les faux nichons,
et l'bouton d'la jarretière.


Il paraît que ça passe à travers tout, partout, partout.
Ca passe et ça repasse dans les p'tits trous, partout, partout.
Et l'on n'a pas pas même le temps d'y penser,
Qu'on est déja, rayon, rayon, rayonnixés !

Par ce procédé peu discret, la douane dans toutes les gares,
Regarde si vos endroits secrets ne contiennent pas d'cigares.
Mais vous restez vraiment baba
quand un douanier sévère,

Aperçoit des blagues à tabacs,
dans l'corset de votre belle-mère !


Il paraît que ça passe à travers tout, partout, partout.
Ca passe et ça repasse dans les p'tits trous, partout, partout.
Et l'on n'a pas pas même le temps d'y penser
Qu'on est déja, rayon, rayon, rayonnixés !

y a qu'le métal pour résister à ces rayons bizarres,
Les p'tites femmes afin d'protester vont s'fairent nickelée, dare-dare.
Les demies-mondaines se feront dorées,
mais les femmes sans galette,

S'ront forcées de se faire étamer,
des pieds jusqu'a la tête.


Il paraît que ça passe à travers tout, partout, partout !
Ca passe et ça repasse dans les p'tits trous, partout, partout
Mais quand tout le monde sera métallisé
On n'pourra plus rayon, rayon, rayonnixer.

mercredi 7 mai 2008

Georgius - Le Piéton

1927
Musique Tremolo – Paroles Georgius

La statistique est formelle
Tous les jours il sort, dix huit cent autos
Dix huit cent autos nouvelles
Et les constructeurs disent « ce n’est pas trop »
Multipliez ça par trente
C’est 54 000 en un mois, messieurs
Et par an ça représente
650 000 et l’on peut faire mieux
Or il n’y a pas d’usine de piétons
Faut-y réfléchir, nous disparaitrons

Piétons, mes frères, il faut mourir
Sachons le faire, dans un sourire
Est-ce la quarante chevaux, qui aura notre peau ?
Est-ce la Benjamin* qui nous tuera demain ?
C’est un mystère, pourquoi gémir ?
Piétons, mes frères, il faut mourir

Survivant de cette race
Nous traverserons les grands boulevards
Devant une telle audace
De nous, nos enfants, seront fiers plus tard
Quelle force de caractère !
Quitter le trottoir, c’est mourir un peu
Vite, deux bonds en arrière
Un autobus passe et il nous en veux
Deux pas su’l’coté
Comme dans le Charleston
Il faut éviter
Un camion de 5 tonnes

Piétons, mes frères, il faut mourir
Sachons le faire, dans un sourire
Est-ce le p’tit cyclecar**
Qui nous coupera le cigare ?
Est-ce l’autobus en Q***
Qui coupera nos accus ?
C’est un mystère, pourquoi gémir ?
Piétons, mes frères, il faut mourir

A ce danger, une issue
Je vous recommande un truc épatant
Pour bien traverser nos rues
Poussez devant vous, une voiture d’enfant
Dedans, mettez une poupée
L’agent, de son poste, vous repèrera
Et arrêtera la ruée
Des monstres d’acier, le temps qu’il faudra
Il y a aussi le truc des béquilles,
Mais ça la fout mal, auprès des belles filles

Allons…
Piétons, mes frères, il faut mourir
Sachons le faire, dans un sourire
La place de l’opéra
S’ra pavée de nos tibias
Et la rue Réaumur sera plantée d’nos fémur
Qu’est-ce peut faire
C’est l’avenir
Piétons, mes frères, il faut mourir


* Je ne connais pas la marque automobile " Benjamin ", mais au moins une moto a été fabriquée sous ce nom.

** Cyclecar : Catégorie de véhicule à 2 places, muni de 3 ou 4 roues, d'une cylindrée maximum de 1 100 cm3 et d'un poids total à vide inférieur à 350 kg. Moins taxés que l'automobile, les cyclecars connurent un certain succès après la première guerre mondiale, jusqu'à la fin des année 1920.

*** Il me semble bien que Georgius prononce " autobus en Q " (a moins que ce soit " autobus à cul ? "). Je n'ai pas trouvé quoique ce soit sur le sujet. Si quelqu'un à des informations...

Georgius - Un agent courait

1922
Paroles Georgius - Musique Pierre Chagnon

Un agent courait dans les rues d'Paris,
Sa sueur lui coulait de la tête aux bottes,
Un agent courait dans les rues d'Paris,
Un gosse qui passait en resta saisi.

Un monsieur barbu d'manda au gamin :
«Mais où court-il ainsi ?» «Monsieur, j'en sait rien.»
«Un crime, peut-être ?», leur dit un passant,
Un autre suggéra «Ou un accident ?»

Un agent courait dans les rues d'Paris,
Le monsieur barbu dit : «Suivons sa piste !»,
Un agent courait dans les rues d'Paris,
Trois hommes et un gosse couraient derrière lui.

Une vieille concierge lâcha son plumeau,
Vint frapper sur l'épaule d'un camelot :
«Savez-vous c' qui s' passe ?» «Oui, dit un badaud,
Paraît qu' ce sont des bandits en auto».

Un agent courait dans les rues d'Paris,
Un monsieur barbu, une vieille concierge,
Trois passants, un camelot et un Titi
Couraient derrière lui en poussant des cris

Comme le groupe passait d'vant un restaurant,
Voilà qu' sans payer sortirent les clients.
«Qu'y a t-il ?» «Le feu !» répondit l' garçon,
«Non, c'est une émeute !» rétorqua l' patron.

Un agent courait dans les rues d'Paris,
Clients et clientes, au nombre de trente,
Le patron, l' garçon, le camelot, l' titi,
La concierge, l' barbu couraient derrière lui.

Un charretier arrêta son cheval tout net,
Un vidangeur arrêta sa tinette,
L'premier dit : «Un fou a dû s'échapper !»
«Non, fit l'autre, c'est une femme qu'on a violée !»

Un agent courait dans les rues d'Paris,
Trente clients, l' patron, l' garçon, la concierge,
Un camelot, un gosse, une tinette et puis
Un barbu à cheval couraient derrière lui.

Un coiffeur obèse sortit d' sa boutique,
Un cul-de-jatte aveugle, une paralytique
Bondirent comme des fous et furent suivis
Par trois autobus et quatorze taxis.

Un agent courait dans les rues d'Paris,
Suivi d'un coiffeur, d'une tinette obèse,
D'un camelot cul-de-jatte, d'une barbe en taxi,
D'une concierge à cheval. Ah, j' sais plus c' que j' dis !

Trois mille personnes criaient à pleins poumons :
«Y a l' feu !» «Un crime !» «Non, la révolution !»
«Un meurtre ou un vol ? " «Non, un accident !»
Faute du même avis, ils s'rentrèrent dedans.

Un agent courait dans les rues d'Paris,
Le camelot jeta l' gosse dans la tinette,
L'autobus et l' cheval s' tapèrent dans l' nombril,
Le cul-de-jatte botta l' derrière du taxi.

La paralytique gifla le barbu,
Clients et patron se tapèrent dessus,
L' coiffeur, la concierge se trouvèrent mal,
L' camelot s'évanouit dans les bras du cheval.

L'agent s'arrêta en entendant c' bruit.
Cent mille bouches hurlèrent : «Mais dites-nous c' qui s' passe !»
Et se tenant l' ventre, v'là qu'il répondit :
«Il y a qu' j'y tiens plus, je cours faire pipi !»

mardi 6 mai 2008

Noël Noël - Mariage Mondain

(1929)

Chez l’orfèvre, le fiancé
Achetant la bague a pensé
Mon diamant se pose un peu là
Bah, la dot me r'vaudra tout ça.
Fiançaille grand jour d'émoi
La bague passe au joli doigt
Surprise, cris, protestations
Remerciements, vive émotion
- Vous me comblez, quel gentil diamant
- C'est comme ça que je les aime justement
- Ah vraiment vous l'touvez gen-gentil ?
- Oui je l'aime comme ça… tout p'tit

La veille du fameux grand jour
Les deux fiancés pleins d'amour
Chez, le notaire sont allés
Pour signer un contrat salé
On a discuté tendrement
Les régimes, le règlement
Réduit aux acquêts ou dotale,
Babillage sentimental
- Vous héritez de moitié si j'meurs
- Vous mourir, taisez-vous mon coeur
- Dites pas ça, mais heu...vous disiez,
- je n'hériterais que d' la moitié ?

Eglise, orgue, messe et encens
Beaucoup d'amis, deux ou trois cent
Qui viennent prendre un air content
Bravo, bravo... en s'en foutant.
Puis le défilé merveilleux
Se reforme sous tous les yeux
En tête les deux tourtereaux
Quittent la douceur des vitraux
Le marié pense, ainsi c'est fait
Ca fait tout d' même un drôle d'effet
Voici les voitures, ah quelle foule
J'suis marié, oui... Oh la belle poule !

Lunch, il est tard, les invités
Sur le buffet se sont jetés
Le vernis mondain fait enfin
Place à la bête qui a faim
- Attrapez les sandwiches là-bas
- Pardon Monsieur, ne poussez pas
- Du champagne garçon, oui plein, plein
- Qui est-ce qui m'a chipé mon p' tit pain ?
- Garçon, quoi y'a plus d' macaron
- Prenez de ces sandwich baron
- Prenez vite que l'on en demande
- Prenez j' vous dis qu'ils sont plein de viande.

Le soir au dîner, le conjoint
S'affole pour la nuit qui vient
Timide il pense à son martyr
Devant elle se dévêtir
Pour lui plaire aura t'il bien l'art
Mais voici qu'on sert le homard
Et la mariée dit quelques mots
- Ces homards, quels drôles d'animaux
- Ces pattes velues, c'est affreux
Certes, répond le malheureux
Tout en pensant, elle trouve ça laid
C'est terrible alors... Mes mollets.

Conclusion :
Jeune couple qu'on vient d'unir
Que guette à présent l'avenir
Serez-vous heureux, malheureux
Là, le ciel fera ce qu'il veut
Femme aurez-vous beauté, bonté,
Vous mari, douce autorité,
Le ciel a t'il fait reliquat
Pour vous de menus délicats
De luxe intime d'attention
D'intelligentes concessions
Et serez-vous fidèle un peu ?
Là, le ciel fera... Ce qu'il peut.

dimanche 4 mai 2008

Noël Noël - Le rasoir du coiffeur

(vers 1930)

Un jour, n'ayant pas mon rasoir,
Chez un coiffeur je dus m'asseoir.
Un jeune commis bien aimable
M'offrit un fauteuil confortable.
Me voyant, le patron, tout bas,
Lui dit : Attention, Nicolas,
Vous n'êtes plus un débutant.
Voilà votre second client.
Tâchez un peu d' vous rattraper.
Faites attention, je vous surveille.
Tâchez de n' pas encore couper
Une oreille.

J'avais pâli légèrement
Voyant déjà, c'était charmant,
Un petit bout de ma binette
Valser gaiement dans la cuvette.
Maintenant, l'apprenti merlan
Me regardait l'air pantelant.
Son affreux rasoir en avant,
Il semblait dire en m'observant :
Les joues n' seraient rien à contourner,
D'ici à là, j' passe et j' te r'passe.
Seulement, voilà, il y a l' bon dieu d' nez
Qui dépasse

Quand il m'eut blanchi le menton
De la mousse de son savon,
Il gagna l'arrière-boutique,
Tout pâle, tout énigmatique.
Il revint, au bout d'un moment,
Dissimulant des pansements,
Un flacon d'iode et du coton.
Ah ! Charmant pour les précautions,
Des riens pareils, ça vous rassure !
Instinctivement, l'âme inquiète,
Je cherchais un peu l' panier d' sciure
Pour ma tête.

Mon pourvoi a été rejeté ;
Le rasoir fut alors porté,
D'une main vraiment pas très sûre,
Sur la pâleur de ma figure.
Il tenait ça comme un bâton,
Comme un cierge ou un mirliton.
Bon Dieu, qui lui avait appris
À raser, à cet ahuri ?
Il procédait par moulinets :
Et zou et zou, pour la moustache,
Un peu comme s'il fauchait les prés
Pour les vaches.

Chaque coup qui me rabotait,
Je croyais bien que ça y était.
Et, j'avoue, ma peur fut complète
Quand il me renversa la tête.
Il allait frotter son outil
Contre ma gorge, sapristi !
C'est alors que, l'air engageant,
Il eut ces mots encourageants :
Le patron m' surveille, je l' sens bien ;
Il va m' foutre à la porte si j' loupe.
Soyez gentil, hein, mine de rien
Si j' vous coupe.

Zut, continua-t-il à mi-voix,
Aie donc, v'là que j' me coupe le doigt.
Puis, il ajouta ces mots vagues :
J' vais bien finir par faire des blagues.
La lame, approchant de mon cou,
Une idée me vint tout à coup.
Vous, vous avez rasé tout ceci,
La moustache, bon, bien, merci.
Ça suffit, je viens d' décider,
C'est p't-être pas la mode, mais j' m'en fiche.
Ça f'ra plus coquet, j' vais garder
La barbiche.

Je payai, sans perdre de temps,
Tout étonné, mais bien content,
De me tirer de l'aventure
Sans une seule égratignure.
Depuis, chez moi le plus souvent,
Je me rase, tout comme avant,
Mais dès que je tiens dans mes doigts
Mon rasoir, je ne sais pourquoi,
Je repense à l'autre Iroquois
Je me revois là, sous sa coupe.
Ça m'impressionne et chaque fois
Je me coupe !

samedi 3 mai 2008

Charlotte Gaudet - Traitement de l'Ouie

1907

Je suis une doctoresse sans pareil
Et, messieurs, sans vous faire souffrir
Si vous êtes un peu dur d'oreille
Moi je me charge de vous guérir
Venez donc chez moi rue du [?]
m' rendre visite une après-midi
Sur une petite porte qui es la mienne
Vous lirez "maladies de l'ouie"
Sur une petite porte qui es la mienne
Vous lirez "maladies de l'ouie"

Hier, je vous v'nir un jeune homme
Lui demande, quel est votre cas ?
Il m' répond, je suis à plaindre en somme
Quand on me parle, je n’entends pas
J'ai l'oreille très dur, ça me gène
Je n' sais pas d'ou ça peut provenir
Chère Madame, enfin ça me gène
C'est étonnant, je ne peux pas z' ouir
Chère Madame, enfin ça me gène
C'est étonnant, je ne peux pas z' ouir

Je le fais asseoir sur une chaise
Lui disant, fallait v' nir plus tôt
Une fois installé bien à l'aise
Je lui prends... l'oreille aussitôt
Puis en le soignant avec science
Je lui dis pour le réjouir
Monsieur, prenez un peu de patience
Dans cinq minutes, vous allez z' ouir
Monsieur, prenez un peu de patience
Dans cinq minutes, vous allez z' ouir

Avec une adresse étonnante
Je m'y prenais si savamment
Que ma foi, séance tenante
Il était guéri complètement
Il s'écria, chère doctoresse
Ca y est, j’entends aussi bien que vous
J' répondis, fier de mon adresse
Comme vous avez z'ouï c'est cent sous
J' répondis, fier de mon adresse
Comme vous avez z'ouï c'est cent sous

Note
Je ne suis pas un maniaque de la grammaire, mais en l'occurrence, le verbe "ouir" a toute ma sympathie. Ainsi il donne "J'ouïs" au passé simple, et l'on peux y répondre par : "Oh, j'ois !" à l'indicatif présent.

Berthe Sylva - Le joli Fusil

1937

Ma mère il faut que je vous dise,
Que le gars Jean-Pierre, un matin,
Me rencontrant près de l'église
M'emmena chasser le lapin.

Les belles manières de ce jeune homme
Je l'avoue me plaisait beaucoup
C'est pourquoi j'acceptais, en somme,
Qu'est-ce que je risquais ? Rien du tout !

Moi je portais la carnassière
D'un petit air hardi
Et lui portait en bandoulière
Son joli p'tit fusil

Ce fusil à deux coups, ma mère
Etait un merveilleux objet
Que lui avait acheté son père
A sa naissance, à c' qu'il paraît

Comme je suis très curieuse
Et que j'adore tout savoir
Je lui dis, je serais heureuse
Si tu voulais me le faire voir

Alors, le galant, pour me plaire,
Le sortit d' son étui.
Ah, Le joli fusil, ma mère !
Ah, Le joli fusil !

Le canon était plein de charme ;
Oui, mais pendant que je maniais,
Cette belle et dangereuse arme,
Jean-Pierre, dans le cou, m'embrassait.

Il faisait un soleil superbe.
Tout à coup, sans savoir pourquoi,
Je tombais sur le dos dans l'herbe
Avec le fusil dans les doigts

Comme sur moi roulait Jean-Pierre,
Voilà que l' coup partit.
Ah, Le joli fusil, ma mère !
Ah, Le joli fusil !

Est-ce la longueur de la route
Ou la lourdeur d'un ciel trop doux ?
On s'est endormis, sans nul doute,
Avec le fusil entre nous.

Au réveil, on r' vint au village
Sans avoir vu le moindre lapin.
Depuis, je grossis du corsage
Et je ne me sens pas très bien.

Ce n'est rien, répondit la mère,
Dans quelques mois d'ici,
Ton fils portera comme son père,
Un joli p'tit fusil.


Berthe Sylva, est née Berthe Faquet en 1886 à Saint Brieuc. Elle est décédée en 1941 à Marseille.
Elle atteindra une immense popularité avec un répertoire de chansons sinistres et larmoyantes que tout le monde à encore en mémoire : "Les Roses Blanche" (1928), "La légende des flots bleu" (1931). Mais aussi des chansons éternelles comme "On a pas tous les jours vingt ans" (1934), ou sa superbe reprise de "Du gris" (chanté en 1920 par Georgel).
Mais avec sa superbe voix, elle a chanté également des chansons humoristiques comme "Le Bouc à Nanon" (1937), et ce chef d'oeuvre de gentille et gaie coquinerie : "Le joli Fusil"

Alibert - Tout le pays l’a su

1932

J'vis dans une ville de province,
A six kilomètres de Caen
Et là, tout le monde en pince
Pour faire des petits cancans
Ainsi la semaine dernière
On a vu, ça c'est très laid
Madelon, la vieille laitière
Mettre de l'eau, mettre de l'eau, de l'eau dans son lait

Le pharmacien l'a dit à la bouchère
Et la bouchère l'a dit au cantonnier
Le cantonnier l'a dit à Monsieur l'Maire
Et Monsieur l'Maire l'a dit au charcutier
Le charcutier l'a dit au chef de gare
Le chef de gare l'a dit au père Camus
Le père Camus l'a dit à la fanfare
Et c'est comme ça que tout l' pays l'a su

On a vu un petit jeune homme
Dont chacun murmure le nom
Qui cueillait de jolies pommes
Dans l'jardin de la Toinon
On a vu, le jour de Saint-Pierre
Le sous-chef de l'orphéon
Embrasser la boulangère
Sur l' derrière, sur l' derrière, derrière d’ sa maison

Le pharmacien l'a dit à la bouchère
Et la bouchère l'a dit au cantonnier
Le cantonnier l'a dit à Monsieur l'Maire
Et Monsieur l'Maire l'a dit au charcutier
Le charcutier l'a dit au chef de gare
Le chef de gare l'a dit au père Camus
Le père Camus l'a dit à la fanfare
Et c'est comme ça que tout l' pays l'a su

Au lavoir, la grande Elise
A dit qu'on avait volé
La grosse cloche de l'église
Pensez si ça fit parler !
Pépin, le marchand d' galoches
A dit que c'était l' bedeau
Qu'avait barboté la cloche
Pour la mettre, pour la mettre après son vélo !

Le pharmacien l'a dit à la bouchère
Et la bouchère l'a dit au cantonnier
Le cantonnier l'a dit à Monsieur l'Maire
Et Monsieur l'Maire l'a dit au charcutier
Le charcutier l'a dit au chef de gare
Le chef de gare l'a dit au père Camus
Le père Camus l'a dit à la fanfare
Et c'est comme ça que tout l' pays l'a su

Si dans cette petite ville
L'un de vous passe par hasard,
A pied, en automobile
A cheval ou en side-car
Prenez bien garde à tout l'monde
Car, si vous faites ci ou ça
A quatre lieues à la ronde
On l' répète, on l' répète, on le répètera

Le pharmacien l' dira à la bouchère
Et la bouchère l' dira au cantonnier
Le cantonnier l' dira à Monsieur l'Maire
Et Monsieur l'Maire l' dira au charcutier
Le charcutier l' dira au chef de gare
Le chef de gare l' dira au père Thomas
Le père Thomas l' dira à la fanfare
Et le lendemain tout le pays l' saura.

vendredi 2 mai 2008

Lucien Boyer - Vive l'express de Normandie

1911

Sur l'Ouest-Etat* dernièrement
Tout doux, tout doux, tout dou-oucement
J'ai fait un voyage d'agrément
Tout doux, tout dou-oucement
Un facteur prend mon fourniment
Tout doux, tout doux, tout dou-oucement
Et l' porta à l'enregistrement
Tout doux, tout dou-oucement
On le barbouille immédiatement
Tout doux, tout doux, tout dou-oucement
De colle de pâte et d' bulletins blancs
Tout doux, tout dou-oucement
Puis le train part tout doucement
Et il s'arrête au bout d'un moment
On avait oublié seulement
Une dizaine de compartiments
On r' vient chercher ces tire-au-flanc
Tout doux, tout doux, tout dou-oucement
Et on repart pour rattraper l' temps
Tout doux, tout dou-oucement
Bientôt l' mécanicien descent
Tout doux, tout doux, tout dou-oucement
Pour satisfaire un b'soin pressant
Tout doux, tout dou-oucement
Toutes les vaches du pays Normand
Tout doux, tout doux, tout dou-oucement
Regardaient l' train en rigolant
Tout doux, tout dou-oucement
Et les p'tits veaux disaient, maman
Tout doux, tout doux, tout dou-oucement
Crois-tu qu'ils ont l'air bête la d'dans
Tout doux, tout dou-oucement
Les voyageurs pendant ce temps
Cueillaient [???] et champignons blanc
Qui avaient poussé sur les bancs
Tout doux, tout dou-oucement
Mon voisin m' dit au bout d'un an
Tout doux, tout doux, tout dou-oucement
Ma femme doit s' faire du mauvais sang
Qu'est c'que je vais prendre en rentrant
L'chef de train nous dit gentiment
Nous attendons l'express de Fécamp
Qui doit passer dans 35 ans
Tout doux, tout dou-oucement
En écoutant ce renseignement
Je fis ce que j'aurais dû faire avant
Je rentre chez moi pédestrement
Tout doux, tout dou-oucement
Me croyant mort depuis longtemps
Ma femme s'était r' mariée tranquillement
Elle avait même eu douze enfants
Tout doux, tout dou-oucement
Mais ce refrain d'vient assommant
Tout doux, tout doux, tout dou-oucement
Ne vous fâchez pas, je fous l' camp
Tout doux, tout dou-oucement.

* Ouest état : compagnie de chemin de fer qui desservait une partie de l'Ouest de la France, dont la Normandie

Lucien Boyer (1876-1942) est un personnage assez exceptionnel.
Une intéressante notice biographique se trouve sur le site Udenap

jeudi 1 mai 2008

Marie Bizet - J'y vas-t-y, j'y vas-t'y pas

1942
Paroles et Musique: F.Pearly, P.Chagnon, A.Willemetz, J.Darieux

J' va dire l’histouère d'une jolie fille normande
Qui s'appelait Marie-Lou
Et qu'était futée comme tout
Quand à l'école il fallait qu'elle se rende
Son copain le gars Lucas
Lui disait : on n'y va pas
Faisons l'école buissonnière
J'nous baignerons dans la rivière
Au lieu d'apprendre des leçons
On va prendre des papillons

J' y vas-t-y, j' y vas-t' y pas
J' y vas-t-y ?
Y faut-y, y faut-y pas
Y faut-y ?
Si j'y vas pas le maître il l' verra
Et puis chez moi tout le monde il l’ saura
Mais j' va m'ennuyer là-bas
Si j' y va
Tous les petits oiseaux chantaient
N' y vas pas
Quel beau soleil qu'il dit l’gars Lucas
Viens donc cueillir des lilas
Marie-Lou se dit comme ça
A l'école on y lit, aux lilas on lit pas
J' y va, les gars !

A seize ans elle ne ratait point une danse
Au bal les gars l'invitaient
Et pour elle se disputaient
Elle avait d' la mesure et de la cadence
L' gars Lucas qu'en était fou
Y a dit : t'aime-t-y les bijoux ?
Si tu veux viens d’main toute seule
J' t' attendrais derrière la meule
Dans l' pré au père Léonor
J' te donnerais une bague en or
(parlé) Une bague en or ! Oooh !

J' y vas-t-y, j' y vas-t' y pas
J' y vas-t-y ?
Y faut-y, y faut-y pas
Y faut-y ?
Si j'y vas pas quoi donc y verra ?
Mais si j' y va, quoi qu' c'est-y qui m' fera
La mère elle dit toujours, prends garde aux gars
J'voudrais bien savoir la d'ssous quoi qu' y a
Y m' donnera la bague si j' va là-bas
J’ l’aurons point si j'y va pas
Marie-Lou se dit comme ça
Moi les bijoux j'aime ça
Tant pis j' y va, les gars, J' y va !

Le lendemain leurs deux pères discutèrent
A ton gars, qu'est que tu donneras toi ?
Moi, ta fille quoi qu'elle aura, toi ?
Enfin y sont passés d' vant Monsieur l' Maire
Et après des bons gueuletons,
Des danses et des belles chansons
Chez eux y s' déshabillèrent
Et soufflèrent la lumière
Elle monta dans un grand lit
Hésitant Lucas se dit :
…J' y vas-t-y… j' y vas-t' y pas…
…J' y vas-t-y ?
Tu viens t-y, tu viens t-y pas ?
Qu'elle lui dit
Comme y disait plus rien dans les draps
Marie-Lou dit prend moi dans tes bras
Mais à ce moment là en bas, quel fracas !
Tous les invités appelaient l' gars Lucas
Et sans doute pour qu'il n' s’endorme pas
Lui chantait ce refrain là :
T' y vas-t-y, t' y vas-t' y pas, Lucas
Si t' y vas pas, si t' y vas pas Lucas, j' y va !
T' y vas-t-y, t' y vas-t' y pas, Lucas
Si t' y vas pas, si t' y vas pas Lucas, j' y va !

Marie Bizet - L’Hôtel des Trois Canards

(1941)
Paroles Ch. L. Pothier, Musique Georges Ghestem

Connaissez-vous l'Hôtel des Trois Canards ?
Il est dans un petit patelin, quelque part
Comme c'est le seul qu'on puisse y dénicher
Malgré soi il faut bien y coucher
Y a pas d'garage, il faut ranger l'auto
Dans une étable entre une vache et un veau
Et, par les trous qu'il y a dans la toiture
Les pigeons déshonorent votre voiture
Dans votre chambre est un vieux lavabo
Mais le malheur c'est qu'il n'y a pas d'eau
Et pour se débarbouiller le matin
Faut descendre à la pompe du jardin

Connaissez-vous l'Hôtel des Trois Canards ?
Y a des souris qui trottent dans les placards
Heureusement que pour v’nir les chasser
Sous chaque porte un gros chat peut passer

Dans votre lit y a des draps rapiécés
Et du sommier les ressorts sont cassés
Quand on s' retourne ça fait un tel bruit
Qu'on ose pas remuer de la nuit !
Comme dans la cour y a aussi la basse-cour
Un sacré coq vous réveille au p’tit jour
On se rendort, mais d' l'église à côté
Y a la cloche qui vous fait sursauter

Connaissez-vous l'Hôtel des Trois Canards ?
Dans la commode on y trouve des cafards
Y a pas d'rideaux, les volets ferment mal
Devant la f’nêtre il faut mettre un journal

Mais le plus beau, c'est l'moment du repas :
Tout c'que l'on veut, c'est réglé : y'en a pas !
Si vous d’mandez une friture de goujons
On vous sert une omelette à l'oignon
Comme la fontaine est très loin dans l' pays
Et qu'la patronne, afin d' faire son frichti
Avec un seau va puiser dans une mare
Dans l' bouillon vous trouvez des têtards
Aaaah !

Connaissez-vous l'Hôtel des Trois Canards ?
Dans le bistrot d'en bas y a un billard
Mais on n' peut pas y jouer parce que
Y a qu'une bille et ensuite y a pas d'queue
Ahahah !

L'endroit discret n'est pas dans la maison,
Mais à côté d' la cabane au cochon,
Faut une bougie pour s'y rendre la nuit,
Et s'il pleut, faut prendre un parapluie
On a bonne mine !
On quitte l'hôtel disant : C'est pas trop tôt !
Et dans l'étable on va chercher l'auto
Mais le petit veau, prenant ça pour du foin
D’ votre bagnole a bouffé les coussins
Oh !

Connaissez-vous l'Hôtel des Trois Canards ?
Quand on y va, bien plus vite on en r’part
Si par hasard, un jour vous y allez
Tout comme moi jamais vous n'y r’viendrez

Marie Bizet est née Germaine Prévost, à Paris, en 1905. Elle se fait connaître au début des années trente. Sa chanson la plus connue demeurera «L'hôtel des trois canards». Elle a également joué dans plusieurs films entre 1936 et 1957. Elle chante encore dans les années cinquante mais s'éclipse au début des années soixante non sans donner un dernier récital, en 1980, à l'âge de soixante-quinze ans, au théâtre de la Porte Saint-Martin. Marie Bizet est décédé à Couilly-Pont-aux-Dames (Seine-et-Marne) à l'âge de 93 ans, en 1998.