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http://www.chanson.udenap.org/




jeudi 19 février 2009

Félix Mayol – La fi-fille à sa mère

Enregistrement de 1906
Le couplet en vert n’est pas enregistré.

[Présentation]
La fi-fille à sa mère, chantée par Mayol, disque APGA.

Un peu partout, on rencontre à la ronde
Ce type charmant, oh combien !
De la p’tite jeune fille très bien.
Qu’elle soit brune, rousse, châtaine ou blonde,
C’est moralement
Toujours l'même signalement
Des siens elle fait la joie
Elle a des vertus à foison
Et la candeur d’une oie
C’est le bonheur de la maison.

Elle ne sort jamais
Sans sa famille entière
Papa, maman
Tout l'tremblement
La fi-fille à sa mère.
Elle s’en va candide
Baissant les yeux
Car c’est très laid
Jeunes ou vieux
De r’garder les messieurs.

Elle possède tout c’qu’il faut pour qu’on l’aime
Toute sorte tas d’arts d’agréments
La fi-fille à sa maman
Elle joue comme Rubinstein lui-même,
De l’instrument cher
A c’bon Monsieur Reyer*
Aussi dans chaque soirée
Elle y va de son grand morceau
Toujours de longue durée
Tant plus qu'c’est long, tant plus qu'c’est beau
Elle exécute des sonates toutes entières
Deguelando, Emmerlando
La fi-fille à sa mère,
Et c’est si beau
Que lorsqu’à [???do]
Elle fait ré ré sur le piano
Tous les autres font dodo.

De temps en temps on la conduit dans l'monde
Elle arbore avec fierté
Son premier p'tit décoll'té
Elle'montre au bal sa p'tite peau rose et blonde
Décoll'té moral
C'est vraiment d'la peau d'balle**
Elle est un peu limande
C'est comme chez le boucher parbleu
On n'a pas beaucoup d'viande
Mais des os autant qu'on en veut.
Elle se trémouss', sautillante et légère
Ses p'tits appas
Marquant le pas
La fi-fille à sa mère
Et semble dire quand on veut l'approcher
R'gardez si ça vous fait loucher
Mais faut pas y toucher.

Elle fait aussi de façon fort gentille
D’la peinture à l’huile, oui da
Comme mademoiselle Abbema***
De l’aquarelle,
Aquarelle les jeunes filles,
Et des bouquets de fleurs
De toutes les couleurs
Elle a fait tant d’autres choses
Le portrait de sa mère, un vrai amour
C’est beau, c’est blanc, c’est rose
Il n'manque plus qu’du persil autour.

C’est étonnant vraiment tout c’qu’elle sait faire
D’la broderie, d’la tapisserie
La fi-fille à sa mère
Elle a orné l’paravent
et surtout
Brodé l'paletot
du p'tit toutou
Et tapissé partout.

Elle a grandi et s’lon la loi commune
Quand arrive le printemps
Elle rêve et soupire tout l'temps
Et l’soir venu, quand elle regarde la lune,
Sans savoir pourquoi
Elle a l’âme en émoi
Elle sent comme un fluide
Des p'tits frissons qui la font pâmer
Et dans le cœur un vide
Un p’tit vide qu’il faudra boucher
[parlé] Aussi on la marie.

Et le soir d’la noce
Le marié plein de mystère
Emporte alors
Comme un trésor
La fi-fille à sa mère
Pendant qu’il croit lui prendre sa vertu
Elle pense, « Turlututu,
D’puis longtemps je n’ l’ai plus ! »

* Louis-Étienne-Ernest Rey, dit Reyer, Marseille 1823 – Le Lavandou 1909. Compositeur (les opéras Sigurd et Salammbô) et critique musical.
** « Peau d’balle », a le même sens que « peau d’zébi ». Expressions anciennes signifiant « qui n’a pas de valeur » et qui désignent la peau des testicules. Curieusement, la peau des fesses, à l’inverse, vaut très cher…
*** Louise Abbéma, Étampes 1853- Paris 1927. Peintre de la Belle-époque, graveur et sculpteur.

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