Pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur les auteurs, les interprètes, il existe un site réellement remarquable par sa richesse :
http://www.chanson.udenap.org/




vendredi 25 avril 2008

Marie Dubas - Le Tango Stupéfiant

Note:
Marie Dubas parodie d’une manière délirante un thème de chanson réaliste (et dramatique), qui semblait à la mode entre les deux guerres : la femme est esclave de la cocaïne, généralement suite à un chagrin d’amour.
Citons : Emma Liebel « La coco, la gueuse » (1923) ; Fréhel « La coco » (1931) ; La Palma « L’idole blanche » (1932) ; Nitta-Jo « Cocaïne » (1932)…
A une époque la cocaïne était disponible en pharmacie. C'était paraît-il un remède efficace contre le rhume (entre autre).

Vous pouvez écouter cette merveilleuse chanson sur le site udenap Ici



Marie Dubas
Le Tango Stupéfiant (1936)
Paroles et Musique: R.Carcel, H.Cor, P.Olive

Après trois semaines entières
De bonheur que rien n'altérait
Mon amant dont j'étais si fière
Un triste matin me plaquait
Pour calmer mon âme chagrine
Je résolus en un sursaut
De me piquer à la morphine
Ou de priser de la coco
Mais ça coûte cher tous ces machins
Alors pour fuir mon noir dessein

J'ai fumé de l'eucalyptus
Et je m'en vais à la dérive
Fumant comme une locomotive
Avec aux lèvres un rictus
J'ai fumé de l'eucalyptus

Dès lors mon âme torturée
Ne connut plus que d'affreux jours
La rue du désir fut barrée
Par les gravats de notre amour
J'aurais pu d'une main câline
Couper le traître en petits morceaux
Le recoller à la séccotine
Pour le redécouper aussitôt
Mais je l'aimais tant l'animal
Alors pour pas lui faire de mal

J'ai prisé d'la naphtaline
Les cheveux hagards, l'œil hérissé
Je me suis mise à me fourrer
Des boules entières dans les narines
J'ai prisé d'la naphtaline

Qu'ai-je fait là, Jésus Marie
C'est stupéfiant comme résultat
Au lieu de m'alléger la vie
Je me suis alourdie l'estomac
J'ai dû prendre du charbon d’Belloc
Ça m'a fait la langue toute noire
(Que faire alors pauvre loque),
Essayer un autre exutoire ?
Car le pire c'est que j'ai pris le pli
Et c'est tant pis quand le pli est pris

Je me pique à l'eau de Javel
Pour oublier celui que j'aime
Je prends ma seringue
Et j'en bois même
Alors il me pousse des ailes
Je me pique à l'eau de Javel
Gnak gnak gnak gnak
J'ai du chagrin...

lundi 21 avril 2008

Dranem - Avec son pot d'géranium

Une chanson particulièrement idiote, datée de 1926

Un p’tit jeune homme tout plein mignon
Le jour d’sa première communion
Reçu d’une tante de Saint-Malo
Un p’tit géranium dans un pot

Avec son pot d’géranium
Le petit jeune homme, le petit jeune homme
Il était plein de distinction
Avec son pot d’géranion

Comme tout le monde l’admira
Toute la journée il le porta
Et même ne voulant plus l’lacher
Le soir il parti se coucher

Avec son pot d’géranium
Le petit jeune homme, le petit jeune homme
Il était très mi mi mi
Avec son pot d’géragni

Il grandi par la suite, mais
Il ne s’en sépara jamais
Il le trimballait jour et nuit
Et même il allait faire pipi

Avec son pot d’géranium
Le petit jeune homme, le petit jeune homme
Il était très comme il faut
Avec son pot d’géranio

A seize ans vêtu d’un smokinge
Il fréquenta tout les dancinge
A Montmartre au son du banjo
Il allait danser le tango

Avec son pot d’géranium
Le petit jeune homme, le petit jeune homme
Il était un gentleman
Avec son pot d’géranian, oh !

A vingt ans comme tous les garçons
Il dû passer la révision
Il vînt d’un p’tit air ingénu
Au major se présenter tout nu

Avec son pot d’géranium
Le petit jeune homme, le petit jeune homme
Il était très ingénu
Avec son pot d’géraniu

Y s’maria quand il fût d’retour
Avec une jeune fille, un amour
Et dans l’lit conjugal, chaqu’soir
Il remplissait tout ses devoirs

Avec son pot d’géranium
Le petit jeune homme, le petit jeune homme
Il était très rigolo
Avec son pot d’géranio

Mais un jour sa femme le trompa
Avec un autre elle s’en est allé
Tout seul le pauvre abandonné
Il essaya d’se consoler

Avec son pot d’géranium
Le petit jeune homme, le petit jeune homme
Il était très désolé
Avec son pot d’géranié

Mais comme l’oubli n’arrivait pas
Il en vint a chercher l’trépas
Sa douleur étant trop cruelle
Il se fit sauter la cervelle

Avec son pot d’géranium
Le petit jeune homme, le petit jeune homme
Il était très ennuyé
Avec son pot d’géranié

Alors sa veuve se remaria
Dans l’autre monde ça l’contraria
Et l’soir des noces il s’est ram’né
Aux deux époux chatouiller l’nez

Avec son pot d’géranium
Le petit jeune homme, le petit jeune homme
Il était très spirituel
Avec son pot d’géraniel

Cette histoire, c’est évident
Pourrait durer 118 ans
Et vous dites cette espèce d’enflé
Il commence à nous emmieller

Avec son pot d’géranium
Le petit jeune homme, le petit jeune homme
Il a l’air d’un bel andouille
Avec son pot d’géraniouille

dimanche 20 avril 2008

Georgius - Les Mormons et les Papous

Chanson polygame et repopulatrice (1934)

On ne voit qu' des filles sans maris,
Que des belles au cœur incompris,
Que des veuves à l'œil attendri,
Un tas d' belles mômes qui se dessèchent,
Des beautés qui deviennent blèches.
Tout ça, c'est la faute à nos lois,
A des parlementaires en bois
Qui ont le cœur et les pieds froids.
L'homme peut aimer dix femmes par jour,
Et des pauvres femmes meurent d'amour.

Vivent les mormons, vivent les papous,
Qui prennent la vie par le bon bout.
Tous ces gars-là sont polygames,
Bigames, trigames et hectogames.
Ils ont des femmes plein leur salon,
Plus que d' fauteuils ou d' guéridons,
Ils comprennent la vie bien mieux qu' nous.
Vivent les mormons, vivent les papous !

Le sang nous pète sous la peau,
Remonte, nous étouffe le cerveau,
Nous comprime les pectoraux.
Bref, on jugule et on torture
Toutes ces forces de la nature.
Si l'on n' veut pas nous " eunuquer "
Ou nous " chapelle-sixtiner ",
Qu'on nous laisse " prolifiquer " !
Ne soyons pas trop exigeants,
Qu'on nous donne trois cents femmes par an !

Vivent les mormons, vivent les papous !
Ça c'est des durs, c'est pas des mous !
Chaque jour, ils en ont une nouvelle,
Alors, ils font des étincelles.
Ils ne mangent pas comme nous, messieurs,
A chaque repas du pot au feu.
Je comprends qu’ils en mettent un coup.
Vivent les mormons, vivent les papous !

L'animal est moins bête que nous
Regardez les chiens, les minous,
Les éléphants, les sapajous.
Des compagnes, ils en ont des bandes
Ils ne suffisent pas à la d'mande
Combien de poules pour un coquin ?
Et de pingouines pour un pingouin ?
Et de lapines pour un lapin ?
Nous seuls n'avons, pour flirtouiller,
Qu'une seule poupoule au poulailler.

Vivent les mormons, vivent les papous,
Qui ne marchent jamais sur les genoux.
Pas étonnant s'ils se r'produisent !
Qu'on nous donne autant d' marchandise,
Et nous allons faire des enfants
Tout plein les vingt arrondissements.
N'est-ce pas, messieurs, je n'suis pas fou !
Vivent les mormons, vivent les papous !

vendredi 11 avril 2008

Dranem - les P’tits Pois

En souvenir de mon Grand-Père, Fernand Guillou 1906-1992

(Chanson patriotique) - 1931


Y’en a qui disent que les patates
C’est très bon avec les tomates
Les haricots, les choux farcis
C’est bon avec des salsifis
Moi qui n’fais pas de démonstration
Je m’écrie quand vient la saison

Ah les p’tits pois, les p’tits pois, les p’tits pois
C’est un légume bien tendre
Ah les p’tits pois, les p’tits pois, les p’tits pois
Ca n’se mange pas avec les doigts

L’jour d’la révision militaire
J’étais nu comme un ver de terre
En m’tripatouillant partout l’corps
Vous êtes malade ? me dis l’major
Quel est votre cas d’exemption ?
En d’sous la toise je lui répond

Ah les p’tits pois, les p’tits pois, les p’tits pois
C’est un légume très tendre
Ah les p’tits pois, les p’tits pois, les p’tits pois
Ca n’se mange pas avec les doigts

Sitôt qu’nous arrivons sur terre
Nous commençons d’abord par braire
On nous r’garde de face et d’profil
Pour voir notre état civil
Dites moi à quoi reconnaît-on
Si c’est une fille ou un garçon ?

Ah les p’tits pois, les p’tits pois, les p’tits pois
C’est un légume très tendre
Ah les p’tits pois, les p’tits pois, les p’tits pois
Ca n’se mange pas avec les doigts

Dans un grand bal de ministère
J’dansais avec un grosse douairière
Et chaque fois que j’la faisais valser
Je recevais ses nichons dans l’nez
Je m’disais en soulevant c’tonneau
Qui pesait plus d’trois cent kilos

Ah les p’tits pois, les p’tits pois, les p’tits pois
Ca n’se mange...
Ah les p’tits pois, les p’tits pois, les p’tits pois
Ca n’se mange pas avec les doigts

Dans l’département d’la Charente
Un jeune candidat se présente
Vous m’connaissez depuis d'longs jours
J’ai pas besoin d’faire de discours
Et du reste tous votez pour moi
Car voilà ma profession d’foi

Ah les p’tits pois, les p’tits pois, les p’tits pois
C’est un légume bien tendre
Ah les p’tits pois, les p’tits pois, les p’tits pois
Ca n’se mange pas avec les doigts

Quand je berçais ma rêverie
Avec Rosa ma tendre amie
Le soir à l’heure des aveux
Dans les sentiers silencieux
En la r’gardant dans l’blanc des yeux
J’lui dis d’un air très mystérieux

Ah les p’tits pois, les p’tits pois, les p’tits pois
C’est un légume très tendre
Ah les p’tits pois, les p’tits pois, les p’tits pois
Ca n’se mange pas avec les doigts

L’lendemain du mariage de Camille
La mère demande à sa fille
Avec un p’tit air empressé
Dis moi comment ça s’est passé
Baissant les yeux timidement
Elle répond à sa maman

Ah les p’tits pois, les p’tits pois, les p’tits pois
C’est un légume très tendre
(parlé) Ah c’est idiot, hein
Ca n’se mange pas avec les doigts

(parlé) Couplet patriotique

Si les ennemis comme naguère
Voulaient envahir nos frontières
Ils peuvent venir car nous sommes prêt
Et ce jour là qu’est ce qu’ils prendraient
Ils s’écriraient en s’débinant
Au moment du chambardement

Ah les p'tits pois, les p'tits pois, les p'tis pois
(Parlé) Ah ah ah ah j'temmène !
Ah c'est trop bête de chanter des trucs comme ça, à mon âge !
Au r'voir.


Avant propos

Dans mon enfance, mon grand-père fredonnait parfois un refrain pour le moins curieux : "Ah, les p'tits pois, les p'tits pois, les p'tits pois, c'est un légume très tendre..."
De nombreuses années plus tard, je tombais par hasard sur ce titre, avec un interprète qui m'était parfaitement inconnu : Dranem.
C'était le début d'une passion pour ces artistes qui faisaient sourire nos parents de la Belle-époque, et des années-folles.

Ce blog n'a d'autre but que de faire connaitre quelques textes que j'ai retranscrits, et qui font toujours sourire. C'est également un hommage vis à vis de ces artistes disparus, parfois oubliés, et qui continuent à égayer ma vie quotidienne.

J'ai pu commettre des erreurs de transcription, et certains mots me sont incompréhensibles. Si un visiteur peut me corriger, ou apporter un complément, je l'en remercie par avance.

Naturellement, si quelqu'un estimait que la publication d'un de ces textes lui portait préjudice, je m'empresserais de le retirer.

Pour terminer, mes interprètes préférés de ce demi-siècle sont, pour les artistes masculin : Dranem et Georgius, et parmi les chanteuses, l'incomparable Marie Dubas.

Amicalement