Pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur les auteurs, les interprètes, il existe un site réellement remarquable par sa richesse :
http://www.chanson.udenap.org/




samedi 27 juin 2009

Georges Milton – Les Artichauts

Paroles: André Barde. Musique: Raoul Moretti - de l’opérette "Comte Obligado" - Enregistrement de 1927

Quand on m' pose une question
Qui mérite attention,
Moi, je n' fais pas c'lui qui réfléchit,
Pas d'embarras et pas de chichis,
J'ai un truc épatant
Qui rend tout l' monde content,
Avec conviction
J' réponds à la question
Par cette interrogation

Est-ce que les artichauts
Froids sont meilleurs que chauds ?
Moi, je n' sais pas, renseignez-moi
Car s'ils sont meilleurs chauds
Moi qui les mange froids
J' les réchaufferai la prochaine fois,
On l' sait pour l' gigot
Ou les escargots
Ou les cuisseaux d' veau
Mais dites-moi, dites-moi,
Est-c' que les artichauts
Froids sont meilleurs que chauds ?
Et chauds ou froids, dites-moi pourquoi.

La première nuit des noces
On a une peur atroce,
La petite mioche
Est là qui attend
Ce qui s'ra moche
Ou très épatant,
Elle dit quand on la serre
"Qu'est ce que vous allez m' faire ?"
Pour pas qu'elle défaille,
Donnez pas de détails
Mais dites-lui quand elle tressaille

Est-ce que les artichauts
Froids sont meilleurs que chauds ?
Moi, je n' sais pas, renseignez-moi
Car s'ils sont meilleurs chauds
Moi qui les mange froids
J' les réchaufferai la prochaine fois,
On l' sait pour l' gigot
Ou les escargots
Ou les cuisseaux d' veau
Mais dites-moi, dites-moi,
Est-c' que les artichauts
Froids sont meilleurs que chauds ?
Et chauds ou froids, dites-moi pourquoi.

Aux conférences de G'nève
On voit l'Allemand, c'est un rêve,
Nous prendre d'assaut
Un tas d' concessions
C'est ça, la Société des Nations,
Devant tous ces messieurs
Briand*, l'air très sérieux,
Au lieu d'accorder
Tout ce qu'ils veulent demander
N'a qu'à dire pour éluder

Est-ce que les artichauts
Froids sont meilleurs que chauds ?
Moi, je n' sais pas, renseignez-moi
Car s'ils sont meilleurs chauds
Moi qui les mange froids
J' les réchaufferai la prochaine fois,
On l' sait pour l' gigot
Ou les escargots
Ou les cuisseaux d' veau
Mais dites-moi, dites-moi,
Est-c' que les artichauts
Froids sont meilleurs que chauds ?
Et chauds ou froids, dites-moi pourquoi.

*Aristide Briand, homme politique et diplomate né en 1862 à Nantes et un de mes (très) lointain grand-oncle.

Georges Milton – La caravane, ou la Fille du Bédouin

Paroles: André Barde. Musique: Raoul Moretti - de l’opérette "Comte Obligado" - Enregistrement de 1927

Le bon goût des paroles est discutable, la chanson a la fâcheuse tendance à rester dans la tête, mais elle fit la célébrité de Georges Milton.

Y avait à Sidi Howa
Bien avant la guerre
Un Bédoin qu'était l'papa
D'une jolie moukère
Mais une caravane campa
Qui venait du Caire
Sans manière,
Par derrière,
La fille décampa

La fille du Bédouin
Suivait nuit et jour
Cette caravane
Elle mourait d'amour
Pour un jeune bédouin
De la caravane
Et le petit ânier,
Dans les bananiers,
Chipait des bananes
Que la fille du Bédouin
Rangeait avec soin
Dans son petit couffin.

Mais voilà c’qu'elle endura
Quand elle fut en route
Elle dut en sortant de Biskra
Pour gagner sa croûte
Céder son petit cédra,
Et sa petite moumoute
Coûte que coûte,
Y’ a pas d'doute,
A ces scélérats.

La fille du Bédouin
Suivait nuit et jour
Cette caravane
Elle connut tour à tour
Tous les autres Bédouins
De la caravane
Et tous les chameliers
Et tous les âniers
En firent leur Sultane
La fille du Bédouin
Avait trouvé l'joint
Pour garnir son couffin

Elle a suivi soixante ans
Et par toute l'Afrique
Du Maroc jusqu'au Soudan
Comme une pauvre bourrique
Et elle usa toutes ses dents
A bouffer des briques
Sans réplique,
A coups de triques,
On la pousse tout le temps

La fille du Bédouin
Suivait nuit et jour
Cette caravane
Elle connut tour à tour
Les trois mille bédouins
De la caravane
Douze cent chameliers,
Dix-huit cent âniers
Portèrent des bananes
Et sans trouver la fin,
La fin du couffin,
De la fille du Bédouin

Gaston Gabaroche – Petit Loulou de Poméranie

Paroles: Max Eddy, Fred Pearly. Musique: Gaston Gabaroche, Fred Pearly Enregistrement de 1926

Clara, Pauline, Eugénie
Habitaient chez Mélanie.
Elles se donnèrent des surnoms
En divisant leurs prénoms.
Mémé, c'était Mélanie,
Ninie, c'était Eugénie,
Popo, la petite Pauline,
Rara, Clara, sa copine.
Elles avaient, pour compagnon,
Un joli p'tit chien mignon.

Petit loulou de Popo,
Petit loulou de Mémé,
Petit loulou de Rara,
Petit loulou de Ninie.
Popo, Mémé, Rara, Ninie
Loulou de Poméranie.

Ce gentil p'tit chien, en somme,
Etait envié d' bien des hommes.
Nourri, couché et blanchi,
C'était le vrai paradis.
Elles étaient aux petits soins ;
On lui f'sait faire ses besoins
Et f'sait toutes les fantaisies
De ce chien de fantaisie.
Et, quand il était heureux,
Ça se voyait à sa queue.

Petit loulou de Popo,
Petit loulou de Mémé,
Petit loulou de Rara,
Petit loulou de Ninie.
Popo, Mémé, Rara, Ninie
Loulou de Poméranie

Pour savoir ses préférences,
Un jour, elles firent l'expérience
Dans la rue, elles s' séparèrent
Pour voir ce qu'il allait faire.
Sans s'occuper de Mélanie,
Ni de la pauvre Ninie,
Il suivit d'abord Rara,
Pour Popo, il la plaqua.
Puis il disparut, finalement,
Avec un berger allemand.

Petit loulou de Popo,
Petit loulou de Mémé,
Petit loulou de Rara,
Petit loulou de Ninie.
Popo, Mémé, Rara, Ninie
Loulou de Poméranie.

Elles promirent, comme bien l'on pense,
D'alléchantes récompenses
Et l'on vit sur tous les murs
Azor cherché par Azur.

On leur amena des griffons,
Des chiens d' chasse, des brabançons.
Elles n' trouvèrent pas leur chéri
Mais elles trouvèrent des maris.
Chacune d'elles a un époux
Qu'elle a surnommé Loulou.

Petit loulou de Popo,
Petit loulou de Mémé,
Petit loulou de Rara,
Petit loulou de Ninie.
Popo, Mémé, Rara, Ninie
Loulou de Poméranie.

samedi 13 juin 2009

Gabriel Montoya – Mimi

Texte et musique de Montoya – Composée en 1892 - Enregistrement de 1908

Cette chanson n’est pas à proprement parler humoristique (encore que…). Mais je fais une entorse, pour celle-ci qui est d’une sensualité rare à cette époque, servie par un texte magnifique, et une interprétation élégante.
A noter que la musique est la même que celle de la chanson interprétée en 1910 par Robert Casa (voir à ce nom) « Mariage démocratique ».


(Présentation)
Mimi, chanson de Montoya,
Chanté par l’auteur, disque APGA.


Terre à tous s’éveille
Plus rien ne sommeille
Dans la cité vieille
Que vous et que moi.
Déjà dans la rue
La foule se rue
Constamment accrue
Toujours en émoi

Que vous importe
Fermant la porte
A la cohorte
Des ennuyeux
Vous dormez, si belle
Qu’on croit voir Cybèle*
Reposer sous l’aile
Devant ce grand Dieu

Vive la paresse,
Puisque rien ne presse
Prolongez l’ivresse
De votre sommeil
Et sous la chemise
Fine, où se remise
Votre chair exquise
Narguer le soleil

Moi je contemple
Comme un (saint ?) temple
La congrue ample
Le creux des reins
Et la mappemonde
Et la croupe blonde
Ou par tout (incombe ?)
Les plis de ses reins.

Dormez, j’en profite
Votre corps m’invite
Et je vais bien vite
En faire le tour.
Car dans les étreintes
Les mains sont contraintes
On comme des craintes
De tout mettre au jour

Je veux connaître
Les coins de l’être
Dont je suis maître
Pour mieux l’aimer.
Ce trésor suave
Dont je suis l’esclave
Enfin je le brave
Pourquoi (conserver ?)

Dieu, les belles choses
Les jolis coins roses
Que de fleurs éclosent
Parmi les vallons
Et sur les collines
Que de perles fines
Dressent, coraline
Leurs vaillants jalons.

Mon cœur tressaille
Il faut que j’aille
Livrer bataille
A ses appâts
Un désir farouche
Me vient à la bouche
Il faut que je touche
A ce bon repas

Serait-il possible
Qu’elle est impassible
Et reste insensible
Au feu du plaisir
Et quoi, ma mignonne
Quand je m’époumone
Faites-moi l’aumône
Au moins d’un soupir

Mais la mâtine
Fait la mutine
Je la lutine
Fermons les yeux
Puis toute vermeille
Quant elle s’éveille
Me dit à l’oreille
Merci !… Ca va mieux.


* Déesse Phrygienne, protectrice des enfants et des animaux sauvages.

Fred Gouin – La Marche des Petits Pierrots

Musique : Auguste BOSC - Enregistrement de 1927
Petit Pierrot est un nom familier pour désigner les moineaux.

Ils sont vraiment très rigolos
A Paris les petits pierrots
Qu'on voit dans les prom'nades
Chantant des sérénades
En grignotant des morceaux d'pain
Ils ont l'air de s'fiche du prochain
S'inquiétant guère
Si l'ministère
Tomb'ra demain

S'maine et dimanche
De branche en branche
Ils passent dans l'existence
Avec insouciance
Que leur importe
Qu'la rente rapporte
Ils aiment mieux chaque jour
A leurs pierrettes faire un brin de cour.

Car on peut dire qu'les p'tits pierrots
En amour ne sont pas manchots
Ils sont d'allure farceuse
Et d'nature très noceuse
Quand ils désirent être galants
Ils n'craignent pas les r'gards des passants
Ni les gardiens méchants
Ils rendent leurs p'tites pierrettes heureuses

Sans s'faire de bile aucune
De l'aube au clair de lune
Ils n'rêvent que d'rigolades
De bambochades
Et de cascades
Qu'il tonne qu'il pleuve ou vente
Rien ne les épouvante
Ce sont les petits voyous de Paris
Si réussis et dégourdis
Christi !

On sait qu'ils sont fort audacieux
Et qu'ils n'ont jamais froid aux yeux
Filous et rigolboches
Ils viennent dans vos poches
Lorsqu'en plein air on prend son r'pas
Les p'tits pierrots arrivent en tas
Sur vot' serviette
Dans votre assiette
Ils n'se gênent pas

Bruyants convives
Aux ailes vives
Ils font mille culbutes
Sans compter les disputes
Pour une miette
Qu'en l'air on jette
On voit les p'tits, les gros
S'battant comme de sales petits pierrots

Toujours joyeux toujours contents
Ils fabriquent beaucoup d'enfants
Possédant leur audace
Et leur nature vivace
Allons bourgeois trop au repos
Travaillez à faire des marmots
Et des petits pierrots
Sans crainte allons suivez la trace

dimanche 10 mai 2009

Fortugé - Ah que l'amour !

Enregistrement de 1912.
Le refrain atteint une bêtise abyssale !


(Présentation) : Ah que l’amour !
Chanté par Fortugé de la Scala.

J’l’avais connue un soir sur l’obélisque
Et la retraite passait à ce moment.
La jolie fille, c’était une odalisque
Et la retraite c’était un régiment.
Je la suivis, pas la retraite, la fille,
Je l’accostais, la fille, pas l’, la fille, pas l’régiment.
Elle s’appelait Madeleine, j’m’appelle Bastille,
Et c’est pour ça qu’elle m’a dit c’est trois francs.

Que l’amour est bon, que l’amour est beau
Que l’amour est bon, quand il est beau
Que l’amour est long, que l’amour est fou
Que l’amour est long, quand il est fou
Que l’amour est…

Le capitaine, à ch’val, marchait sans peine
Et se r’dressait avec un chic martial.
Rel’vant sa queue, le ch’val, pas l’capitaine
Il fredonnait, l’capitaine, pas l’cheval.
La gosse me dit : moi j’aime bien les trompettes,
Et j’les adore, pas les trompettes, les gars,
Car c’est vraiment délicieux quand ça pète,
C’est des trompettes que j’parle, pas des soldats.

Que l’amour est bon, que l’amour est beau
Que l’amour est bon, quand il est beau
Que l’amour est long, que l’amour est fou
Que l’amour est long, quand il est fou
Que l’amour est dur, que l’amour est mou
Que l’amour est dur, quand il est mou
Que l’amour est sûr, que l’amour est sûr
Que l’amour est sûr, quand il est sûr
Que l’amour est bon…

En arrivant chez la jolie d’moiselle
J’vis la photo d’un p’tit jeune homme très beau.
Je l’embrassais, pas la photo, la belle,
Et j’l’encadrais, pas la belle, la photo.
Il m’a r’semblé qu’elle ??? « vient poupoule »
Et m’dire mon vieux, ben quoi, vas-y dare-dare,
On s’embrassait, pas le plumard, la poule,
Et j’rentrais d’dans, pas dans la poule, dans l’plumard

Que l’amour est bon, que l’amour est beau
Que l’amour est bon, quand il est beau
Que l’amour est long, que l’amour est fou
Que l’amour est long, quand il est fou
Que l’amour estime (?), que l’amour est fou
Que l’amour estime (?), quand il est fou
Que l’amour…

Oh la barbe, la barbe, la barbe, la barbe, allons…

jeudi 19 février 2009

Félix Mayol – La fi-fille à sa mère

Enregistrement de 1906
Le couplet en vert n’est pas enregistré.

[Présentation]
La fi-fille à sa mère, chantée par Mayol, disque APGA.

Un peu partout, on rencontre à la ronde
Ce type charmant, oh combien !
De la p’tite jeune fille très bien.
Qu’elle soit brune, rousse, châtaine ou blonde,
C’est moralement
Toujours l'même signalement
Des siens elle fait la joie
Elle a des vertus à foison
Et la candeur d’une oie
C’est le bonheur de la maison.

Elle ne sort jamais
Sans sa famille entière
Papa, maman
Tout l'tremblement
La fi-fille à sa mère.
Elle s’en va candide
Baissant les yeux
Car c’est très laid
Jeunes ou vieux
De r’garder les messieurs.

Elle possède tout c’qu’il faut pour qu’on l’aime
Toute sorte tas d’arts d’agréments
La fi-fille à sa maman
Elle joue comme Rubinstein lui-même,
De l’instrument cher
A c’bon Monsieur Reyer*
Aussi dans chaque soirée
Elle y va de son grand morceau
Toujours de longue durée
Tant plus qu'c’est long, tant plus qu'c’est beau
Elle exécute des sonates toutes entières
Deguelando, Emmerlando
La fi-fille à sa mère,
Et c’est si beau
Que lorsqu’à [???do]
Elle fait ré ré sur le piano
Tous les autres font dodo.

De temps en temps on la conduit dans l'monde
Elle arbore avec fierté
Son premier p'tit décoll'té
Elle'montre au bal sa p'tite peau rose et blonde
Décoll'té moral
C'est vraiment d'la peau d'balle**
Elle est un peu limande
C'est comme chez le boucher parbleu
On n'a pas beaucoup d'viande
Mais des os autant qu'on en veut.
Elle se trémouss', sautillante et légère
Ses p'tits appas
Marquant le pas
La fi-fille à sa mère
Et semble dire quand on veut l'approcher
R'gardez si ça vous fait loucher
Mais faut pas y toucher.

Elle fait aussi de façon fort gentille
D’la peinture à l’huile, oui da
Comme mademoiselle Abbema***
De l’aquarelle,
Aquarelle les jeunes filles,
Et des bouquets de fleurs
De toutes les couleurs
Elle a fait tant d’autres choses
Le portrait de sa mère, un vrai amour
C’est beau, c’est blanc, c’est rose
Il n'manque plus qu’du persil autour.

C’est étonnant vraiment tout c’qu’elle sait faire
D’la broderie, d’la tapisserie
La fi-fille à sa mère
Elle a orné l’paravent
et surtout
Brodé l'paletot
du p'tit toutou
Et tapissé partout.

Elle a grandi et s’lon la loi commune
Quand arrive le printemps
Elle rêve et soupire tout l'temps
Et l’soir venu, quand elle regarde la lune,
Sans savoir pourquoi
Elle a l’âme en émoi
Elle sent comme un fluide
Des p'tits frissons qui la font pâmer
Et dans le cœur un vide
Un p’tit vide qu’il faudra boucher
[parlé] Aussi on la marie.

Et le soir d’la noce
Le marié plein de mystère
Emporte alors
Comme un trésor
La fi-fille à sa mère
Pendant qu’il croit lui prendre sa vertu
Elle pense, « Turlututu,
D’puis longtemps je n’ l’ai plus ! »

* Louis-Étienne-Ernest Rey, dit Reyer, Marseille 1823 – Le Lavandou 1909. Compositeur (les opéras Sigurd et Salammbô) et critique musical.
** « Peau d’balle », a le même sens que « peau d’zébi ». Expressions anciennes signifiant « qui n’a pas de valeur » et qui désignent la peau des testicules. Curieusement, la peau des fesses, à l’inverse, vaut très cher…
*** Louise Abbéma, Étampes 1853- Paris 1927. Peintre de la Belle-époque, graveur et sculpteur.